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Facile pour qui ?  

Rosine, une jeune senior légèrement déficiente, a découvert le plaisir de lire grâce à une bibliothécaire qui fait des lectures collectives d’albums à la section adulte ou dans la pension de famille où elle vit.  Francine emprunte les textes illustrés, les lit et les relit, s’étonnant elle-même de ses capacités de lectrice. Voyant son appétit ouvert, la bibliothécaire l’a aiguillée vers des livres estampillés FAL (facile à lire). Comme je lui demande un titre qu’elle a lu récemment, elle me répond : « un beau livre, mais pas facile du tout. Le Petit prince. »

Une animatrice en Ehpad avoue que seulement deux résidentes puisent dans la caisse de livres FAL et en gros caractères déposée chaque trimestre par la bibliothèque. Elle-même ne sait pas les utiliser en groupe. « Ce qu’il nous faudrait, ce sont des histoires qu’on peut partager sur une seule séance ».

Une grande lectrice, professeur de français langue étrangère, raconte : « Le terme facile est méprisant et inadéquat. Quand je suis face à l’étagère des livres FAL, je suis mal à l’aise. Je repère des titres que j’ai lus par ailleurs que je qualifierais de légers ou récréatifs (ça fait du bien de lire un Anna Gavalda ou un Signol !), d’autres de brefs mais intenses ou subtils. Quant aux apprenants, c’est contre-productif. Ils sont vexés ou découragés, car c’est tout sauf facile pour eux ! »

Un jeune père de famille tombe en arrêt devant un panneau annonçant que les livres de l’étagère FAL sont destinés aux personnes « fatiguées, pressées ou fâchées avec la lecture ». Des titres le tentent mais ces catégories le font fuir !

 Focus

Faire évoluer la notion de livre facile de sorte qu’elle rassemble le public plutôt qu’elle ne le divise.

Scénarios alternatifs

Dans cette petite bibliothèque, un vieux et haut buffet repeint en rouge a été installé dans l’espace lecture adulte délimité par un tapis (apprécié des ados), deux fauteuils et un canapé. A l’intérieur, des documents tout public, estampillés discrètement « grand large » privilégiant l’image, les textes courts, les inclassables.  Cette « armoire surprise » régulièrement alimentée est devenu le pivot intergénérationnel de la bibliothèque. Les uns consultent, feuillettent, beaucoup empruntent.

Action 

  • Repérer collégialement et régulièrement dans les achats (et le fonds) les documents qui conviennent à tous les publics.
  • Les cataloguer avec une mention GL (Grand Large) plutôt que FAL ou FALC (Facile à lire et à comprendre)
  • Faire une mise en valeur adroite des titres : plutôt que les bloquer dans un espace, les regrouper temporairement dans des boites modulables, sur une table, dans un meuble original visible mais pas trop imposant, avec un achalandage régulier.

Mots clés : offre de lectures / liens / communication

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