Une partie de notre travail, dit ce bibliothécaire, consiste à acheter des nouveautés et à renouveler les titres du fonds. On remplit nos paniers de commande en nous basant sur nos lectures, des critiques, des échos, des conseils.
Souvent, on hésite à acheter des livres intéressants parce qu’on craint qu’ils ne soient pas ou très peu empruntés.
Notre hésitation peut tenir à un point faible de l’ouvrage : couverture laide, résumé trop bavard, pagination excessive, narration complexe, sujet délicat, titre trompeur, indication d’âge surestimée, format atypique, mise en page singulière… Mais elle vient aussi assez souvent de ce que l’on perçoit de l’attente des lecteurs qui, il faut l’avouer, ont des habitudes, des goûts prononcés, des auteurs et des thèmes de prédilection, desquels il est difficile de les faire sortir.
Sont-ce eux qui manquent de curiosité, ou bien nous, médiateurs, qui manquons d’audace et de confiance ?
En effet, acheter un énième polar, un prix littéraire, un best-seller, c’est sans risque. Ces livres sortiront tout seul. Par contre, acheter un livre atypique ou exigeant, nous engage à lui trouver son public.
Focus
Action
Quand un livre est jugé digne d’intérêt malgré un handicap réduisant son attractivité et limitant les chances de prêt, prendre les moyens de surprendre le public et faire tomber ses aprioris :
- Intervenir sur l’objet-livre : créer une jaquette différente de la couverture, poser un bandeau incitatif, ajouter un commentaire à la 4e de couverture.
- En faire l’article auprès d’un public élargi. Organiser des mises en bouche (Dégustalivres) pour donner aux auditeurs l’envie d’en savoir plus et faire tomber leurs réticences : « C’est pas pour moi », « C’est trop gros ! », « J’aime pas le graphisme »…
- Provoquer des rencontres : associer le livre à une œuvre cousine plus abordable, le glisser dans une pochette surprise ou une boîte thématique, lui trouver un emplacement provisoire bien en vue et aguichant.
Mots clés : acquisition / mise en valeur / dégustalivres