La bibliothèque a proposé au CDI des lycées de la ville de participer à un prix littéraire régional. Un jeu de livres sera mis à disposition des jeunes à la section adulte. Deux enseignantes sont intéressées par le projet. Conscientes de la nécessité de stimuler et accompagner la lecture des élèves – très peu viendront d’eux-mêmes et liront la sélection – elles demandent si une présentation des ouvrages peut être envisagée par les bibliothécaires seules ou en co-animation avec elles. La réponse est tranchante : « On n’a pas le temps ».
Vingt bibliothécaires salariées et bénévoles sont attendues ce matin-là à la BDP pour une formation. Le directeur qui vient de prendre son poste s’est glissé dans la salle pour poser sur chaque chaise un tract annonçant la vente prochaine des fruits du désherbage. Comme l’intervenante lui demande s’il compte se présenter et ouvrir la journée, il lui répond : « Pas le temps ! »
Les dernières années du voyage-lecture enfance en Saône-et-Loire, Livralire faisait appel chaque automne à des bibliothécaires pour présenter et jouer ses « dégustalivres » devant une cinquantaine de collègues bénévoles et salariées. C’était intimidant, exigeant, mais formateur. « A le faire, on gagnait en qualité et en temps, puisque l’animation était prête pour les scolaires », dixit une volontaire. Comme je demandais à l’équipe jeunesse d’une grande bibliothèque de prendre à leur tour en charge une animation (avec mon aide), leur directeur mit son véto : « Je ne n’ai pas d’heures de personnel à vous donner ! »
Focus
Mettre en regard l’investissement en temps et les bénéfices escomptés, à courte ou/et longue échéance, en termes de liens (cohésion d’équipe, partenariat), de compétences, de dynamique de lecture et d’image de la bibliothèque.
Action
La question de la gestion du temps est de toujours. Elle est devenue très délicate avec l’augmentation des heures d’ouvertures, la diversification des offres, la réduction du personnel (postes gelés, non remplacement du personnel partant) et la baisse des qualifications (emplois précaires, reclassement, formation a minima).
D’où l’impérieuse nécessité de :
- Discerner ce qui est important en évaluant les bénéfices (immédiats, à moyen ou long terme) au niveau qualité du travail, liens et lectures.
- Vérifier que ce qu’on propose est tenable de bout en bout au niveau d’un agenda.
- Savoir dire non ou stop.
Mots clés : gestion du temps, cohérence, faisabilité
