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Si c’est juste pour prendre des livres, je peux le faire sans mes élèves.

Quel intérêt, dit cette professeure des écoles, y-a-t-il à se rendre à pied, vingt minutes aller-retour, tous les mois à la bibliothèque avec ma classe de CP pour que chaque enfant emprunte un livre et qu’on nous lise une histoire ?

Le déroulement de cette visite « épicerie » est invariable : retour des livres, pioche (plutôt que choix !) d’un titre par les enfants, enregistrement des nouveaux prêts puis, en clôture, une lecture parachutée – pas toujours bien préparée ni adaptée – sans lien avec ce qui nous occupe en classe. Sans compter que si l’histoire captive mes élèves ou que je vois comment la relier avec d’autres livres ou activités, je ne pourrai pas emprunter le livre. « Vous comprenez, je pourrais en avoir besoin pour un autre groupe. Ne vous plaignez pas, c’est déjà une chance qu’on autorise les enfants à emporter les livres chez eux. »   

Mais tous mes élèves ne se feront pas lire leur livre à la maison ! Ce serait à moi de le faire en classe, sauf que partager 25 livres en 16 ou 18 jours de classe, c’est impossible.

Si les bibliothécaires n’ont rien d’autre à me proposer, je préfère venir sans mes élèves aux heures d’ouverture du public faire un choix restreint de livres que nous partagerons en classe.

Focus

Faire en sorte que l’offre faite aux écoles soit féconde, c’est-à-dire donne à toute la classe, enseignant et élèves, l’envie et les moyens de s’engager dans la lecture.

Scénario alternatif

Dans notre commune, dit cette enseignante, les bibliothécaires jeunesse planifient avec nous une rencontre par trimestre, avec un programme convenu à l’avance à partir de leurs propositions et de nos éventuelles suggestions. Quelques jours avant la rencontre, la classe reçoit une invitation papier qui permet aux enfants de deviner le fil du panier-lecture qui leur sera présenté.

On sait pourquoi on va à la bibliothèque : on bénéficie d’un service traiteur.

La bibliothécaire sélectionne 6 ou 7 albums. Elle nous rassemble autour du plat principal, une histoire lue ou mise en scène, et nous fait goûter les six ou sept autres titres, charge à nous les enseignantes ensuite de les lire, relire, utiliser en classe. Comme on garde le lot un trimestre, les enfants qui le souhaitent, peuvent emprunter un des livres pour un soir ou le week-end, après qu’il ait été lu à tous. De sorte que si à la maison personne ne peut ou ne veut leur relire, ils ont au moins la fierté de rapporter un album et de le commenter.

A la fin de l’année, mes élèves connaissent parfaitement une vingtaine d’albums (sans compter d’autres pris dans le fonds de la bibliothèque de l’école) et les parents un certain nombre dont ils discutent volontiers avec moi. Nous achetons chaque trimestre quelques titres parmi ceux qui nous ont été proposés et qu’on n’aurait pas connus autrement.

Action 

Pour les accueils de classes (et autres groupes).
1/ Circonscrire l’offre :
– Aux enseignants attachés au service épicerie stricto sensu (un livre choisi par chaque élève), proposer le service en autonomie et aux heures d’ouverture au public. Car comme le dit une directrice de bibliothèque : « pourquoi mobiliser un agent pour une activité de libre-service qui ne fait pas appel à nos compétences ? »

– Pour les autres : être force de proposition et moteur de lecture. Ne plus faire un service individuel ou à la carte, peu efficace et chronophage, mais faire une offre resserrée comme des « dégustalivres » littéraires – albums ou romans –  auxquels pourront être rattachés des documentaires et autres supports.

2/ Cerner le travail :
– Rentabiliser l’investissement par un socle commun de livres et d’animations, préparées en amont et en équipe et soigneusement répertoriées de sorte qu’elles peuvent servir plusieurs fois pour des groupes de même âge.
– Considérer que le travail préparatoire fait partie du service et le valoriser comme tel auprès des élus.

Mots-clés : accueil de groupes / animation / lecture/ partenariat

Cet article a 2 commentaires

  1. Pascale Graffard

    Pour que les accueils de classe nourrissent autant les enseignants que les enfants, je confirme qu’il faut à la bibliothèque :
    1/ Savoir dire non à des accueils systématiques pour pouvoir maintenir la qualité, ne pas s’épuiser ni perdre les objectifs qu’on s’est fixé en équipe.
    2/ Rentabiliser nos préparations. Constituer une banque de ressources classées par thème et niveau qu’on actualise avec des nouveautés. Ayant bénéficié pendant des années des animations enfance clés en main fournies par Livralire-Chalon (dans le cadre des voyages-lecture), nous avons un stock conséquent, complété par les lectures « épicées » d’1, 2, 3 albums (8 nouvelles chaque année) et par nos propres créations.
    3/ Impliquer les participants et pas seulement les enseignants. Exemples :
    Pour le service « épicerie », limité et sur rendez-vous, nous demandons au enseignant de coopter des parents qui assureront un temps de lecture en tout petit groupe.
    Pour les accueils à thème (durée 1h30) du CE2 au CM, nous préparons un vaste choix de documents. Après une déambulation dans l’espace jeunesse, les enfants, en duo, doivent repérer deux titres identifiables selon un indice donné au départ puis les consulter.
    Ensemble et en cercle, on se montre la sélection ; on nomme la thématique.
    Nous lisons ou jouons un album « phare » qui est prêté systématiquement.
    Ensuite chacun est invité à emprunter un document dans notre pré-sélection de départ, l’enseignant complétant selon nécessité ou envie. L’emprunt n’est pas le fait du hasard mais le fruit d’un choix.
    4/ Faire valoir les accueils auprès de la direction de la bibliothèque et des élus en communiquant le nombre de lectures, collectives et individuelles enregistrées par les enseignants (et pas seulement celui des prêts) et le nombre d’inscriptions induites par les visites scolaires.
    Depuis l’école, relayer l’info auprès des parents par le biais des cahiers de lecture et par la rotation des livres à la maison.

  2. CP

    Dans notre médiathèque du Var, nous envoyons aux enseignants un planning avec plusieurs dates possibles et leur demandons s’ils ont un thème de prédilection, ce qui est quasiment toujours le cas.
    Je fais des recherches dans notre réseau de médiathèques. Je réserve les documents appropriés. Je les lis. Je prépare avec soin leur présentation.
    Les enfants peuvent emprunter un document et, selon les le choix des enseignants, les lisent en classe sur un temps défini ou les ramènent chez eux.
    Les enseignants peuvent également emprunter les documents présentés (sauf si plusieurs classes ont demandé le même thème et que nous avons peu d’albums sur ce sujet).
    Dommage que certains enseignants abandonnent la classe et en profitent pour déambuler dans la médiathèque. D’autres oublient le RDV, sans s’excuser.
    Trop souvent, ils nous considèrent comme à leur service !

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